Sobriété énergétique : quel avenir pour l’immobilier de bureau ?

Smart OfficePublié le 13 décembre 2022

L’un s’adresse aux promoteurs, l’autre aux propriétaires. Nicolas Biais, Directeur associé chez Primpromo, et Matthieu Scotti, Directeur chez Swizi, décortiq…

L’un s’adresse aux promoteurs, l’autre aux propriétaires. Nicolas Biais, Directeur associé chez Primpromo, et Matthieu Scotti, Directeur chez Swizi, décortiquent les nouvelles exigences de l’immobilier de bureau. A l’heure du flex office et de la sobriété énergétique, comment le secteur évolue-t-il ? Quels sont les leviers pour accompagner les transformations en cours ? Discussion. 

 

Quel(s) impact(s) les nouvelles exigences de la société ont-elles sur l’immobilier de bureau ? 

 

Nicolas Biais : Le bâtiment est le secteur le plus énergivore en France : il représente 42% de l’énergie finale totale et génère 23% des émissions de gaz à effet de serre. Cette consommation pèse évidemment lourd sur le bilan énergétique du pays et c’est donc logiquement que nous avons vu émerger une série de réglementations environnementales – en 2012, en 2020 – qui ont eu un premier impact significatif sur la manière dont les promoteurs conçoivent et construisent des bâtiments.

Depuis, la crise sanitaire est passée par là et a entraîné un bouleversement des méthodes et de l’organisation du travail. Le flex office a gagné du terrain et, avec lui, une vraie réflexion sur l’occupation des bureaux s’est engagée, qui intègre évidemment la question de la consommation énergétique. D’une manière générale, la façon de penser l’immobilier d’entreprise pour les promoteurs a complètement changé ces dernières années.

 

Matthieu Scotti : C’est sûr que le bureau n’est plus « consommé » comme il l’était avant et c’est d’ailleurs une partie du travail de Swizi d’accompagner les entreprises pour produire des données concrètes de présence et leur permettre de prendre des décisions sur la base de leur quotidien : rendre une partie des locaux qui n’est pas utilisée, déménager, occuper les espaces différemment, etc. Au-delà de l’organisation de l’entreprise, l’idée est évidemment de ne plus consommer de l’énergie comme si le bâtiment était toujours plein. Il faut s’intéresser de plus près à l’usage de ces bâtiments.

 

A travers quelles mesures concrètes la sobriété entre-t-elle en compte ?  

 

N.B. : Les promoteurs assistent à une diminution drastique des permis de construire. Cette situation les pousse à réhabiliter des bâtiments industriels en bureaux d’entreprise. Aujourd’hui, un même bâtiment accueille plus facilement différentes sociétés qui se répartissent les étages. La notion dfre bâtiments « réversibles « ou « non genrés » se développe également :  un bâtiment dont la nature n’est pas figée et doit permettre de devenir un appartement, un bureau, un atelier, etc., au gré des besoins.

Dans tous ces projets, les promoteurs intègrent surtout une notion clé : être sobre, ce n’est pas forcément moins consommer, mais mieux consommer. Réutiliser des matières pour limiter les déchets, penser les espaces, anticiper leur usage, etc. Le logiciel Primpromo prévoit justement des fonctionnalités spécifiques aux réhabilitations pour accompagner ces opérations immobilières et calculer leur bilan financier.

 

M.S. Face à ces enjeux énergétiques, un propriétaire aujourd’hui voudra connaître la manière dont son bâtiment est utilisé pour pouvoir agir au plus près des besoins réels des occupants. Avec Swizi, nous plaçons des capteurs dans les murs qui vont permettre de relever de la donnée sur ce qui intéresse le propriétaire : le taux de CO2, le taux d’occupation, l’énergie, etc. Il va disposer de plusieurs KPIs propres à son activité pour mieux la piloter ensuite, dans un sens plus responsable si c’est son objectif. Ces données vont également offrir de vrais choix aux individus, car tout ne peut pas venir de l’entreprise non plus, les comportements et les habitudes de chacun ont leur importance – notre solution peut d’ailleurs contribuer à les améliorer !

 

Comment vous positionnez-vous auprès de vos clients pour les accompagner et les aider à faire face à ces enjeux ? 

 

N.B. : Comme Matthieu avec Swizi, je suis convaincu qu’on ne peut plus agir sur de l’intuition mais sur la base de données sourcées, vérifiables, tangibles. Nous-mêmes travaillons sur des KPI RSE qui permettront bientôt aux promoteurs immobiliers de calculer l’impact carbone de chaque étape de leurs opérations immobilières. C’est une de leurs demandes : ils sont en train de prendre un vrai virage et nous serons à leurs côtés pour accompagner l’évolution de leur métier.

 

M.S. : Notre mission à nous est d’intervenir sur l’occupation du bâtiment. Commencer par sécuriser ce qui peut l’être est essentiel : utiliser des données pour revoir son organisation afin d’optimiser la consommation de lumière, de chauffage, de climatisation sans rogner sur le confort et le bien-être des collaborateurs.

Notre outil permet par exemple de réunir à un même étage les personnes qui réservent des salles de réunion afin d’éviter qu’elles soient réparties dans tout l’immeuble, en multipliant les besoins de consommation énergétique.

Mais il reste beaucoup de choses à faire… Et tant mieux ! De nombreux partenariats, partages de bonnes pratiques, échanges sont nécessaires et sont à penser. Aujourd’hui, il faut que nous nous mettions tous autour de la table pour considérer nos enjeux de manière globale et avancer efficacement.

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