La semaine de 4 jours, un changement nécessaire pour s’adapter au monde de demain ?

Smart OfficePublié le 11 juillet 2023

Depuis la crise du Covid, les modes de travail traditionnels sont remis en question. Parmi les nombreuses transformations observées, la semaine de 4 jours émerge comme une proposition intéressante pour s’adapter aux besoins changeants des salariés, sans perte de chiffre d’affaires ou de productivité pour les entreprises.

Ce concept a gagné en popularité ces dernières années, bien que suscitant un débat animé sur ses implications économiques et sociales. Adopté par l’Islande en 2015, et mis à l’essai par de nombreux pays européens depuis 2022 (Espagne, Belgique, Royaume-Uni notamment), il séduit même la France qui va le tester dans quelques entreprises et services publics pionniers.

 

La semaine de 4 jours, qu’est-ce que c’est ?

 

La semaine de 4 jours consiste à travailler 4 jours par semaine au lieu de 5, sans perte de salaire. Selon les entreprises, elle peut prendre différentes formes : répartir les heures de travail sur 4 ou 4,5 jours, bénéficier d’une semaine libre toutes les cinq semaines, avoir un week-end de 4 jours toutes les deux semaines, alterner une semaine de 4 jours avec une semaine de 5 jours… L’objectif est de travailler le même nombre d’heures, mais réparties différemment pour offrir plus de flexibilité aux salariés. Pour cela, certaines entreprises choisissent de réduire le nombre d’heures travaillées sur la semaine (sans réduire les salaires), d’autres font le choix d’augmenter la durée quotidienne de travail.

 

La semaine de 4 jours et le monde de demain

 

La semaine de 4 jours trouve sa pertinence dans l’évolution des attentes des salariés. Ces derniers aspirent de plus en plus à un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. Ils cherchent à consacrer davantage de temps à leurs activités personnelles, à leur famille, à leurs loisirs et leur bien-être. Avec un jour supplémentaire de repos chaque semaine, c’est possible.

Pour les entreprises, ce nouveau mode d’organisation représente alors une opportunité de s’adapter aux besoins naissants de leurs salariés et des candidats. Notre époque est marquée par de grands changements sur le marché du travail : travail hybride ou 100 % télétravail, nouveaux espaces de travail, Smart Office…  La semaine de 4 jours s’inscrit dans cette dynamique.

 

Au-delà des aspects de bien-être au travail et de productivité, la semaine de 4 jours touche la société dans son ensemble. Cela commence par un impact bénéfique sur l’environnement : en travaillant un jour de moins par semaine, les trajets domicile-travail sont considérablement réduits, ce qui diminue l’empreinte carbone des salariés. Ensuite, sur l’emploi au sens large :  la semaine de 4 jours permettrait de mieux répartir la charge de travail et mener à davantage d’embauches. Enfin, cette organisation aurait des conséquences plus larges sur notre rapport au travail. En donnant aux personnes plus de temps pour s’engager dans d’autres activités, telles que l’éducation, la formation, l’entrepreneuriat ou le bénévolat, la semaine de 4 jours est l’opportunité d’insuffler dans la société un rapport au travail plus apaisé, plus épanoui.

 

Les enjeux de la semaine de 4 jours pour les employeurs

 

Le passage à la semaine de 4 jours présente plusieurs avantages pour l’entreprise. C’est déjà un excellent moyen d’attirer les candidats à l’embauche et de retenir les talents. En offrant de bonnes conditions de travail aux salariés, l’entreprise affiche ainsi une marque employeur forte.

Mais il ne s’agit pas que faire bonne presse. Les entreprises qui ont sauté le pas ont remarqué une amélioration de la productivité. C’est le cas du distributeur lyonnais de matériel informatique LDLC, dont les salariés travaillent 32 heures sur 4 jours, payées 35. Son fondateur Laurent de la Clergerie assure que les accidents de travail et l’absentéisme ont été divisé par 2, et le turn-over divisé par 4 depuis 2021 !

 

Cependant, pour qu’elle se passe bien, l’adoption de la semaine de 4 jours implique des défis organisationnels. Il est essentiel de coordonner les agendas des équipes afin d’assurer une continuité de l’activité, et d’embarquer les collaborateurs dans le projet tout au long du processus, à grand renforts de communication et d’accompagnement. Parfois, certains ajustements de rémunération peuvent aussi être nécessaires.

 

Avantages et inconvénients pour les collaborateurs

 

L’un des principaux bénéfices de la semaine de 4 jours pour les employés est l’amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. En bénéficiant d’un jour supplémentaire de temps libre chaque semaine, ils peuvent notamment profiter davantage de leur famille ou de leurs loisirs. Mais cette organisation ne convient pas à tout le monde : certains salariés ne peuvent pas se permettre de travailler plus tôt le matin et plus tard le soir, condition sine qua non à la suppression d’une journée hebdomadaire.  

 

La semaine de 4 jours est également un excellent moyen d’améliorer la qualité de vie au travail (QVT) des collaborateurs. En passant moins de jours en entreprise, ces derniers ressentent potentiellement moins de stress et de fatigue. Ils sont alors susceptibles d’être plus motivés, plus concentrés et plus engagés dans leurs tâches professionnelles. 

Là encore, il convient de nuancer. Répartir la charge de travail sur moins de jours peut conduire à une surcharge. Il est important de mettre en place des mécanismes permettant de répartir équitablement les responsabilités et de s’assurer que la réduction du temps de travail ne se traduit pas par une intensification des tâches ou des attentes déraisonnables, qui conduiraient à une pression excessive.

 

Comment réussir à implémenter la semaine de 4 jours ?

 

  1. Implication : sensibiliser l’ensemble des acteurs de l’entreprise à la décision et à la mise en œuvre de cette réforme. 
  2. Planification : élaborer un plan de transition détaillé qui prend en compte les spécificités de l’entreprise et définit clairement les modalités.
  3. Communication : communiquer de manière transparente et régulière sur les changements à venir, les objectifs visés et les avantages pour les collaborateurs. Pour favoriser un dialogue constructif, on peut nommer une personne référente qui recueille les questions, préoccupations et suggestions des salariés. 
  4. Flexibilité et adaptation : chaque entreprise est unique ! Faire des phases de tests et mettre en place des indicateurs pour s’assurer du succès de l’organisation. En Angleterre, par exemple, 70 entreprises ont testé la semaine de 4 jours de juin à décembre 2022, période à l’issue de laquelle elles ont effectué des enquêtes de satisfaction et de performance afin d’apporter les ajustements nécessaires.
  5. Évaluation des résultats : utiliser des indicateurs pertinents pour mesurer l’impact de ce nouveau modèle de travail sur les performances globales de l’entreprise.
  6. Accompagnement du management : il est essentiel que les managers et les responsables d’équipe soient formés et soutenus dans la gestion de cette nouvelle organisation du travail. Ils doivent être en mesure de coordonner les plannings, de répartir équitablement les charges de travail et de maintenir une communication fluide avec les employés. 

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